La nécessité de comprendre les risques lors de détatouage laser
L’industrie du détatouage au laser connaît une croissance fulgurante. Avec l’évolution des technologies et la demande grandissante des patients, les cliniques et centres esthétiques proposent de plus en plus l’élimination des tatouages par laser. Toutefois, ce processus, qui consiste à utiliser des impulsions laser ultra-rapides pour fragmenter les particules d’encre sous la peau, génère un phénomène souvent négligé : un dégagement de fumée ou « panache » visible, accompagné d’une odeur distincte.
Bien que la sécurité des fumées laser ait été étudiée pour des procédures au laser CO2, où la présence de papillomavirus a été démontrée, peu de recherches ont été menées sur la nature des émissions provenant des lasers de détatouage. Ces lasers, qui ne volatilisent pas de grandes quantités de peau ou de poils, sont souvent considérés comme sûrs, et l’utilisation d’équipements de protection comme les évacuateurs de fumée ou les masques n’est pas toujours systématique.
Levin et al ont été les premiers à s’attaquer de front à cette question à travers une étude dont l’objectif était de caractériser le contenu chimique, particulaire et microbiologique des fumées de détatouage au laser.
Pour cela, Levin et al ont mené des expériences sur la peau de porc ex vivo et directement sur des patients humains dans un contexte clinique réel. Les composés organiques volatils (COV), les particules fines et ultrafines, les métaux, ainsi que la présence de bactéries ont été analysés.
le détatouage laser émet des fumées de composition complexe
L’analyse des prélèvements des émissions a révélé une composition complexe des fumées émis lors de détatouage laser :
- Métaux : Des métaux, comme le zinc et le manganèse, ont été détectés dans les fumées provenant des deux modèles (porc et humain). Ces métaux sont souvent des composants des pigments d’encre. Cependant, les concentrations mesurées étaient très faibles. Les chercheurs ont comparé ces niveaux aux limites d’exposition professionnelle (LEP) établies par des agences comme l’OSHA, le NIOSH et l’ACGIH. Les résultats ont montré que même une exposition quotidienne complète à ces métaux serait bien inférieure à ces seuils de sécurité.
- Composés Organiques Volatils (COV) : Des COV tels que l’acétone, l’acétate d’éthyle, l’alcool isopropylique, le propène et le toluène ont été détectés. Ces niveaux se sont également révélés être en dessous des limites d’exposition professionnelles.
- Monoxyde de Carbone et Sulfure d’Hydrogène : Aucun monoxyde de carbone ni sulfure d’hydrogène n’a été détecté à aucun moment, ni sur la peau de porc ni sur les patients.
- Particules : Les particules fines et ultrafines ont été mesurées à des niveaux élevés, notamment sur la peau de porc. Les concentrations étaient, par moments, comparables à celles mesurées lors de procédures d’épilation au laser, pour lesquelles l’utilisation d’évacuateurs de fumée est déjà recommandée. Les niveaux de particules étaient plus élevés dans la zone de traitement immédiate sur la peau humaine, mais retombaient à des niveaux faibles en périphérie de la salle.
L’étude a aussi noté que la concentration de particules pouvait être influencée par des facteurs tels que l’âge du tatouage, la couleur de l’encre et la fluence du laser. Par exemple, l’encre noire et les lasers à plus longue longueur d’onde ont généré des concentrations de particules plus élevées que les encres jaunes ou rouges traitées à des fluences plus faibles.
Les limites L’étude sur le détatouage laser
Les chercheurs ont souligné plusieurs limites importantes à leur étude sur les fumées issues de détatouage laser :
- Le nombre de tatouages sur les sujets humains était très faible, ce qui rend difficile de généraliser les résultats.
- L’étude n’a pas non plus pu établir de distinctions définitives entre les différentes encres ou les fluences de laser en raison de la taille limitée de l’échantillon.
- Enfin, l’étude ne s’est pas penchée sur la question des virus dans le panache, un sujet qui nécessite des investigations futures.
Levin et al concluent que leurs résultats ne nécessitent pas de modifier les protocoles de sécurité existants, mais ils confirment la pertinence de mesures de protection. L’utilisation d’évacuateurs de fumée, de masques chirurgicaux et de patchs de protection est recommandée pour non seulement contrôler les odeurs désagréables, mais aussi pour limiter l’exposition aux particules et aux bactéries.

Cet article a été écrit par Candice Menozzi, MSc, PhD, DIU Lasers Médicaux
Référence bibliographique
Title : Gaseous and Particulate Content of Laser Tattoo Removal
Plume
Personal Author(s) : Levin, Yakir S.;Grant, Michael P.;Glassford, Eric;Green, Brett James;Lemons, Angela Rae;Avram, Mathew M.;
Published Date : 8 01 2021;8-01-;
Source : Dermatol Surg. 47(8):1071-1078
URL : https://stacks.cdc.gov/view/cdc/119329